
10 × 15
format rectangulaire, la photo à vingt ans,
tel un marque-âge d’une vie en cours d’écriture.
Je me rappelle que j’ai trois fois mon âge.
Je lis à la hâte entre un café et une addition,
je laisse du pourboire,
il faut que je prenne le métro de 16h17.
Il est 16h15, j’entre dans la pieuvre,
mes bronches sont des tuyaux à fiouls,
l’air est pollué
je n’ai pas assez de monnaie pour tout le monde, foutu pourboire.
Je cours, la photo tombe.
Je sens quelqu’un qui me rattrape, je me retourne et je vois les pattes velues de l’araignée qui me tendent la photo avant de s’enfuir dans une autre rame, une patte en l’air pour me dire, « bonne journée ».
Le train démarre, je sors mes yeux de ce visage d’enfant sur la photo et j’aperçois qu’autour de moi je suis dans une rame de vieillards à poussette,
dans le reflet de la vitre,
j’ai dix ans et je me tiens debout grâce à une canne.